Full text: Les essais de Michel, Seigneur de Montaigne

LIVRE PREMIER. icj 
dcfquels les fols mefmes cacheroient leurs Fautes, éc cftablifTcz-îes 
coiicrcrolleurs de toutes vos intcntionsjSi elles Fc détraquent,leur rc- 
uerence vous remettra en train : ils vous contiendront en cette voy c, 
de vous contenter de vous inclines,de n emprunter rien que de vous* 
d’arrelfer «Se fermir voifrcaine ert certaines & limitées cogitations,ou 
elle fepuilTe plaire: & ayant compris & entendu les vray s biens, def- 
quelsonioiüt à mefure qu’on les entend, s’en contenter, fans defir 
de prolongement de vie ny de nom. Vdilaleconlcil de la vraye& 
naïfue Philofophic, non d vue Philofophie oftentatricc & parlierc^ 
comme eft celle des deux premiers* 
Confier allons fur Ciceroni 
Chapitré XXXIX. 
N COR vntraid àlacomparaifondeccscouplcsrllfe ti- de Clce- 
rc des Efcrits de Gicero, & de ce Pline peu retirant, à ron&deplme. 
monaduis, aux humeurs de fon oncle ; infinis tcfmoi- 
gnagesde nature outre niefure ambiticule : Entre au 
tres, qu’ils Foilicitent au feeu de tout le monde, les Hift oriens de leurs 
temps, de ne les oublier en leurs regiftres : & la fortune comme par 
dépit, a fait durer iufques à nous la vanité de ces rcquciles,&: dés lôg- 
temps fait perdre ces Hiftoires. Mais cecy furpalfc toute baflelfe de 
cœur, enperfonnes de tel rang;d’auoir voulu tirer quelque principa 
le gloire du caquet 6c de la parlerie, iufques à y employer les lettres Lettres plUées^k 
priuées eferites à leurs amis ; en manière, du aucunes aÿatiS failiy leur 1 ue ^ ' fi n 
T ■ r n / -Tir 1 • ii- parPhne&'Cice- 
lailonpour eitreenuoyees, iis les ront ce neanmoins publier auec r 
cette digne exeufe,qu’ils n’ont pas voulu perdre leur trauail &c veil 
lées. Sied-il pas bien à deux Confiais Romains-,fouucrainsMagiftrats 
de la Chofc publique enïpcriere du Monde; d’employer leur loifir,à 
ordonner 6c fagotter gentiment vne belle milhue, pour en tirer la 
reputatiomde bien entendre le langage de leur nourri fi e ? Que feroic ' 
pis vnfimplemaiftrcd’elcolequien gaignaft fa vie? Si lesgeftes de 
Xenophon & de Ccfar, n’culfent de bien loin furpaffé leur éloquent 
ce, ie ne croy pas qu’ils les enflent iamais efcrits. Ils ont cherché à re 
commander non leur dire, mais leur faire. Et fi la perfedion du bien 
parler pouuoit apporter quelque gloire fortable à vn grand perfion- 
nage,certainement Scipion 6c Lælius n’euffentpas refigné l’honneur 
de leurs Comédies, 6c toutes les mignardifes 6c delices du Langage Comedits deferen- 
Latin,àvnlerf Africain? Car que cétouurage foit leur, fa beauté & ce - e J mtc ^^ ar Sct " 
fonexGellencelemaincientafiez,&Tercnçel’aduoücluy-mefme:& r °" ° 
meferoit-ondefplaifir de ffiedefloger de cette creance. C’elf vneef- 
pcce de moquerie 6c d’iniure, de vouloir faire valoir vn homme, par Q^are^mef-ad-- 
des quahtez mefaduenantes à fon rang j quoy qu elles foient autre- 
ment louables : &par les quahtez aulîi qui ne doiuentpas eftre les mg a
	        
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