Full text: Les essais de Michel, Seigneur de Montaigne

LIVRE PREMIER: mi 
& les menèrent ainfi en triomphe. Alexandre combatic vne Nation, 
Dahas : ils alloicnt deux à deux armez à cheual à la guerre, mais en la 
meflée l’vn defeendoit à terre, &c combattoicnc ore à pied, orc à che 
ual, l’vnapres l’autre. le n’eftime point, qu’en fuffifance & en grâce à 
cheual, nullcNation nous emporte. Bon-homme de cheual, àl’vfa- 
<re de noflxe parler, femble plus regarder au courage qu a l’addreife. 
Le plus fçauant, le plus leur , le mieux aduenant à mener vn cheual à 
ration, que i’aye cognu, fut à mon gré, Moniteur de Carnaualet, qui 
en feruoit noftre Roy Henry fécond. Eay veu vn homme donner car 
rière à deux pieds fur fafelle, démonter fa felle, & au retour la releucr, 
raccommoder, s’y r’aifeoir , fuyant touiiours à bride auallée. 
Ayant paifé par deifus vn bonnet, y tirer par derrière de bonscoups 
de fon arc : A maifer ce qu’il vouloir, fe iettant d’vn pied à terre, te 
nant l'autre en l’eftrieri&: autres pareilles lingeries dequoy il viuoit. 
On a veu de mon temps à Conftantinople, deux hommes iu r vn che 
ual, lefquels en fa plus roide cour fe, fe reiettoient tour à tour à terre, 
& puis fur la felle: Et vn, qui feulement des dents, bridoit & enhar- 
nachoit fon cheual. Vn autre, qui entre deux cheuaux, vn piediur 
vne felle, l’autre fur l’autre, portant vn fécond i ur fes bras, picquoit à 
toute bride ; ce fécond tout debout fur luy, tirant en la courfcdes 
coups bien certains de fonarc. Pluiîeurs,qui les iambes contre-mont, 
donnoientcarrière,latefte plantée fur leurs felies, entre les pointes 
descymetcrres attachez au harnois.En mon enfance le Prince de Sul- 
moneà Naples, maniant vn rude cheual, de toute forte de manie- 
mens, tenoitious fes genoux & ious fes orteils des rcales: comme il 
elles y euifent efté cloüees, pour monftrer la fermeté defon aihette. 
Des confiâmes anciennes. 
Chapitre XLIX. 
Excvserois volontiers en noftre peuple, den’auoir 
autre patron & réglé de perfeétiô, que fes propres mœurs 
& vfances : car c’cft vn commun vice, non du vulgaire 
feulement,mais quai! de tous homes,d’auoir leur vifée& 
leur arreft fur le train auquel ils font nez. îe fuis content,quand il ver 
ra Fabritius ou Læhus, qu’il leui'trouue la contenance & le port bar 
bare, puis qu’ils ne font nyvcftus ny façonnez à noftre mode. Mais 
ie me plains de fa particulière indiicrction, de fe laiifer fi fort piper 
& aucugler a l’authorité de l’vfage prefent,qu’il foit capable de chan 
ger d opinion & d’aduis tous les mois,s’il plaift à la couftume : & qu’il 
iuge li dmerfementde foy-mefme. Quandilportoitlebufc de ion 
pourpoint entre les mammelles, il maintenoit par viues raifons qu’il 
ekoiten fonviay lieu : quelques années apres le voila aualé iufquts 
S üij 
Chenaux "Vaincus 
rendus pour ejlre 
mene-^jn triomphe. 
Bon-homme de che 
nal j quel. 
Deux hommes fur 
Vn cheual. 
Vn homme entre 
deux cheuaux. 
Mfiiette ferme fur 
Vn rude cheual. 
Moeurs & vfances 
des Fr an pois fort Va 
riables.
	        
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