LIVRE SECOND,
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foibleffe humaine, les exemples que l’Hifloire diuinc mefmenousa
laiffczdecécvfage;de remettre à la fortune &c au hazard, la déter
mination des eflcâiions es cliofes douteufes: Sors cecidit fuper Mat-
thiam.Lz raifon humaine eft vn glaiue double & dangereux. Et en la
main mcfme de Socrates Ton plus intime & plus familier amy , voyez
combien ce ballon a de bouts. Amfi, ic ne fuis propre qu’à fuiure, &
me laifle aifément emporter à la foule ; le ne me ne pas allez en mes
forces, pour entreprendre de commander ny guider. le fuis bien ai-
fc de trouuer mes pas tracez par les autres. S’il faut courre le hazard
d’vn choix incertain, i’aymc mieux que ce foit fous tel, qui s’alfeure
plus de fes opinions, & les efpoufe plus que ie ne fais les miennes,auf-
qucllcs ie tfouue le fondement & le plant glifïant: Et lî ne fuis pas
trop facile pourtant au change, dautant quei’apperçoisaux opinions
contraires vnc pareille foiblclfe. Jpjacoruketudo ajjemiendipericuloja ejfe
midemr & hhrica. Notamment aux affaires politiques, ilyavnbcau
champ ouucrt au branfle & à la conteftation.
lujla pari prcmitur r UL j luïicunrpwndcïe lihra 3
Prôna nec hac plus parte jedet } ncc furgit ah iüa.
Les difeours de Machiauel, pour exemple, clloient affez folides pour
le fujet, fi y a-il eu grand’ aifance à les combattre :& ceux qui l’ont
fait, n’ont pas laiffé moins de facilité à combattre les leurs. Il fe
trouueroittouflours à vn tel argument, dequoy fournir refponfes,
dupliques, répliqués, tripliques, quadrupliques, & cette infinie con
texture de débats,que nollre chicane a alongez tant qu’elle a pû en fa-
ueurdesprocez:
Cœdimur 3 ft) totidem plapis conjumimus hojlcm :
lesraifons n’y ayant guere autre fondement que i’expcrlence, &la
diuerfitc des euenemens humains, nousprefentant infinis exemples
à toutes fortes de formes. Vn fçauantperfonnage de nollre temps,
dit qu’en nos almanachs j ou ils difent chaud , qui voudra dire
froid,& au lieu de fec,humide,&mettrc toufiours le rcuers de ce qu’ils
prognoftiquent ; s’il deuoit entrer en gageure de l’euenement de l’vn
oul’autre, qu’il ne fefoucieroit pas quel party ilprinft, faufés chofes
oùiln’y peut efeheoir incertitude:commedepromettrc à Noël des
chaleurs extrêmes, & à la fainét Iean,des rigueurs de l’hyuer. l’en pen-
fcdemcfmes de ces difeourspolitiques : à quelque rolle qu’on vous
mette, vous aucz auffi beau ieu que vo (Ifc compagnon, pourueu que
vous ne veniez à choquer les principes trop gro(Tiers & appareils. Et
pourtant, félon nion humeur, es affaires publiques, il n’ellaucunfi
mauuais train, pourueu qu’il aye de Taage& de la confiance, qui ne
vaille mieux que le changemét & le remuërnent.Nos moeurs Ion t ex
trêmement corrompues, &: panchcnt d’vne merueilleufe inclination
vers Tempirement :de nosldix A: vfanccs,il y en a plufieurs barba
res &: monftrucufcs ; toutesfois pour ladifficulté de nous mettre en
meilleur ellat, ( & le danger de cccroullcmentifi iepouuoisplanter
Sf ij
Election es chofes
douteufes , retnifsà
La.fortune & au ha
sards.
Le fort tomba fur Mat
thias.
Cette coufhime de cori-
fentir aux chofes , fem-
ble eltre Sc pcriüeufc &
g liftante.
Tout ainfi tome quand
vnc liure en la balance,
eft preflcc d'vnc autre
égale, elle ne s’ausle ou
pofe en bas 'de cette
part, ny ne s’efteue do
l’autre .'Cibull.
Difeours politiques
outteris aux contefld-
fions & débats.
Nous tuons de cent
coups, de cent on nous
aliomrtic. Hor.tysji. a.
^Almanachs pleins
d'incertitude.
dhaniretftent dànïe-
rr ■
veux es affaires pn~
bliques.
Mœurs des Pratt^
pois fort corrompues i