LIVRE PREMIER.
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perdue, que ie ne fçay ce que i’ay voulu dire : & l’a l’cftrançer defeou-
uerte par fois auant moy. Si ie portoy le rafoir par tout ou cela m’ad-
uient, ie me desferoy tout. La rencontre m’en offrira le iour quelque
autre fois, plus apparent que celuy du midy : & me fera eftonner de
ma hefitation.
Des Prognojlicatwns.
Chapitre XL
a Oracles défaillis
auant U venue de
Je fus Chrift,
b D’où vient cjuc les
^ Va NT aux Oracles % il eft certain que dés long-temps % teïïÈ
f auant la venue de lefus-Chrift, ils auoient commencé ^ap ericn $ éf f™ ïe
l r. “e plus mclpnlable,
p a perdre leur crédit: car nous voyons que Ciccro lemet non ftulement dc no-
? en peine de trouuer la caufe de leur défaillance. Et ces long-temps aupara-
mots font à lu y: b Cur iflo moào iam oraculaDclphis non edunturjnon modo lulu ' " lc ' ae DtuLi -
nojlra relate, fed iamdiu , ‘vt nihil pojjtt ejje contemptius ? Mais quant aux c Nous croyons qu . n y
autres prognoftiques, qui fe tiroient de l’anatomie des beftes aux fèmexprés^Gurfêruir
Sacri f ces, aufquels Platon attribue en partie la conftitution.na- à l’an des Augures.
. i, 11 i • j ld.de Nat Deo,l.z.
turelle des membres internes d icelles 5 du trépignement des pou-
lets, du vol des oyféaux, c ^Aucs quajdam rerurn augurandamm caufa mahu^chof^YTct
natas ejje putarnus , des foudres, du tournoyement des riuiercs, ^f"" s ^P^ uo [ e c s nt
Afliulta cernunt aru[lices cl ; multa augures prouident: multa oraeuhs deela- C î r * cl,s CI > déclarent
, , Y 1 .. I pluueurs , plulicurs les
rantur : multa njaticinationibtts : multa Jomniis : multa portentis , & au- D - ui >is, & piufours
très fur lefqucls l’Antiquité appuyoit la plufpart des entreprifes, les prodiges, i e ut.
tant publiques que priuées j noffre Religion f les a abolies. Et en- t p roirt:c jf jtue/ di
core qu’il refte entre nous quelques moyens de diumation es af- «ers cle> anciens, aba
ttes 3 es efprits, és figures du corps, és fonges, & ailleurs : notable lu f Hr fl0 ^’ e Rtli ~
exemple de la. forcenée curiofité de noftrc nature, s’amulant à &
préoccuper les chofes futures, comme fi elle n’auoitpas affez affaire ô P rS7 Scs cuûx’
à digerer les prefentes ; adioufter ce foin aux
1 ‘———cur hanc tïhi rcéîor Oljmpi
Sollicites 'vijum mortalihus addere curam 3
JNojcant aventuras ait dira per omina clades f
Sit juhitum quodeunque paras, ft cacajuturi
Aient homimmfati, lice a t fperare timenti.
s ne 'vtile quidem ejl jcire quidfuturum fit : mijerum eft enim nihilprofcicn-
tem an fi : Si elf-ce, veux-ie dire , quelle eft de beaucoup moindre
aueftonté. Voilà pourquoy l’exemple de François Marquis de
Salluffes m’a femblé remarquable. Car Lieutenant du Roy Fran
çois en fon armée delà les monts, infiniment fauorifé denoftre
Cour, & obligé au Roy du Marquifaç mefmes, qui auoit efté cou- jFcüt-
fifqué de fon frere: au refte ne le prefcntantoccafionde tourner fa
robe,fon affection mefme y contredilant;il felaiffa fi fort efpou- , „ „ , , r
h . i n / i ^ r T 11 n- • > h N efl ho» de fl*-
uenter , comme il a cite aduere, aux belles prognoftications qu on Hoir u futur.
C
autres qui trauaillcnt
les humains ; dc con-
noiftre leurs défailles
futurs par quelques
malheureux prefagesï
Fay que ce que tu ma
chines arriue à l’im-
pourueu, & que l’ef-
prit de l'homme foit
aueugle à l'aduenir:
afin qu’il luy foitloifi-
ble dclperer en crai
gnant. Luca.l.z.
g II n’cft pas certaine
ment vtile de feauoir
les chofcs à venir : &
c’eflpitié de legehea-