Full text: Les essais de Michel, Seigneur de Montaigne

5? 4 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE, 
arrache par force, A que s’il ne la veutreceuoir en Toy, au moins il 
s’en côuure pour s’en parer. Noffre balf iment A public A priué , eft 
" Rîm d'inmïe en k P^ cin d’imperfedion : mais il n’y a rien d’inutile en Nature, non pas 
■nature. ' ^ l’inutilité mefme : rien nes’efl ingéré encét Vniuers, qui n’y tienne 
.Çmlitr^ maladives P^ ace opportune. Noftre élire eil cimenté de quai irez maladiucs; 
denojheejîre. l'ambition,laialoufie,l’enuie, la vengeance. la fuperllition, le de- 
fcfpoir logent en nous, d’vue li naturelle pollefhon, que 1 image s’en 
recognoift aufh aux belles : Voire & la cruauté, vice lî defnaturé : car 
au milieu de la compalEon, nous Tentons au dedans, ie ne Tpiy quelle 
aigre-douce poinéte de volupté maligne, a vo>’- 1 - ‘ itruy ; A 
les infans la Tentent 
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hjlice maliùeufe. 
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^mcuiation de no- 
xiiicntéxcnTables, dautant qu’ils nous fontbe- 
Îbih, A que la neceflité commune efface leur yraye qualité^! faut laif- 
ferioüer cette partie aux citoyensplus vigoureux & moins craintifs, 
qui Tacrifiétleur honneur A leur conTcience, corne ces autres anciens 
Tacrifierent leur vie pour leTalutde leurpays. Nous autres plus lob 
bies prenons des rolles & plus aiTez A moins hazardeux : Le bien pu 
blic requiert qu’on trahi fie, qu’on mente, A qu’on mafTacrc : refi- 
gnons cette commillion à gens plus obeïffans & plus Toupples. Cer 
tes i’ay eu Touuent deTpit, de voir des luges attirer par fraude A faul- 
fesefpcrances de fauenr ou pardon, le criminel à deTcouurir Ton fait, 
A y employer la pipperie A l’impudence ; Il Teruiroit bien à laiuflice, 
A à Platon mefme, qui fauorife cét vTagc, de me fournir d’autres 
moyenspliisfélonmoy. C’ellvnc iuflice malicicufe, A ne l’efUmc 
pas moins blefféc par Toy-mcfme que par autruy. le refpondis, n’y a 
pas long-téps, qu’à peine trahiroisielcPrincc pourvu particulier,qui 
feroit tres-marry de trahir aucû particulier pour le Prince: Et ne hay 
pas feulement à pipper, mais ie hay auffi qu’on Te pippc en moy, ie n’y 
veux pas feulement fournir de matière Ad’occafio.EncepeuqucTay 
eu à négocier entre nos Princes,en ces diuifions A lubdiuifîons qui 
nousdelchirentauiourd’huy -,i’ay curieufement euité qu’ilsfe mcl- 
prinffenten moy, As’enferraffent en mon mafque. Les gens duinc- 
flier Te tiennent les plus couuerts, A Te présentent A contrefont les 
plus moyens, Aies plusVoifîns qu’ils peuuent : moy, ic m’offre par 
mes opinions les plus viues, A par la forme plus mienne : Tendre né 
gociateur A nouice, qui aime mieux faillir à l’affaire qu’à moy. C’a 
cflé pourtant iniques à cette heure, auectel heur ( car certe fortune 
y a la principale part ) que peu ont p.affé de main à autre, auec moins 
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