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plus eiüilifcz & plus arciftes, que nettoient les autres nations de U,
Aulft iugeoicnt-ils, ainfi que nous, que l’Vniuersfuft proche de fa
fin, de en prindrenc pour ligne de la defolation que nous y apportaf-
nies. Ils croyoient que l’eftre du Mondete dépare en cinq aages, & en
}a vie de cinq foleils confecutifs,defqirèlsles quatre auoient defià
fourny leur temps, & queceluy qui leurefclairoitfeftoitlecinquief-
rne. Le premier peritauec toutes lesautres créatures, par vnitierfelle
inondation d’eaux. Le fécond, par la chcuteduCiel fur nous, qui
eftouffa toutechofeviuante ; auquel aage ils alignent leà Géants, de
en firent voir aux E ( pagnols des ofTeraens,à la proportion defquels la
ftature des hommes reuenoit à vingt paumes de hauteur. Le troifief-
me, par feu, qui embrafa de çonfumà tout. Le quatriefme, par viic ef-
motion d’air & de vent, qui abbatitiufqites à plufieurs inontaignes:
îeshommes n’en moururent point, mais iis furent changez en ma
gots ( quelles impreftions ne fouffre la lafchecé de l’humaine creance!)
A près la mort de ce quatriefme Soleil,, le Monde fut vingt-cinq ans
en perpétuelles tenebres : Au quinzicfme defquels fut crée vn hom
me & vne femme,qui refirent 1 humaine race.Dix ansapres, % certain
de'jeursiourSjie Soleil parut nouuellemeiitcrcé:&commence depuis
le compte de leurs années par ce iour-là. Le troifiefme iour de fà créa
tion, moururent les Dieux anciens.les nouueaux font nays depuis du
iour à laiournée. Ce qu’ils eftiment de la maniéré que ce dernier So
leil périra, mon Autheur n’en a rien appris. Mais leur nombre de ce
quatriefmechangement, rencontre à cette grande éoniomftion des
aftres, qui produifit il y ahuiét cens tànt d’ans, lelori que les Aftro-
îogues eftiment, plufieurs grandes alterations & notiUeautcz au
Monde. Quant à la pompe & magnificence par oùic fuis entré en
ce propos, ny Grèce,ny Rome, ny Ægypte, ne peut,foit en vtilité ou
difficulté, ou noblefte, comparer aucuns de fesouurages, au chemin
qui fe void au Peru, dreffié par les Roy s du pays, depuis la ville de
Quito, iuldues à celle deCufco (ilyatroiscenslieues) droit,vny,
large de vingt-cinq pas, paué,reueftu de eofté& d’autre de belles de
hautes.murailles, & le long d’icelles par le dedans, deux ruilfealix
perennes, bordez de beaux arbres, qu’ils nomment, Moly. Ou iis ont
trouuédes montaignes & rochers, ils les ont taillez &applanis,&:
comblé les fondrières de pierre de de chaux. Àu chef de chalque iour-
nce, il y a de beaux Palais tournis de viures, de veftemens, de d’armes s
tant pour lés voyageurs que pour les armées qui ont àypàlfer. En
l’eftimation de cét ouurage, i’ay compte la difficulté, qui eft parti
culièrement confidcrable en ce lieu-là. Ils ne baftdîoient point
de moindres pierres que de dix pieds en carré ; ils n’auoicnt autre
moyen de charrier qu’à force de bras, en trainant leur charge : de pas
feulement l’art d’efehaftauder : n’y fçaehans autre finette,que de haut
fer autant de terre,contre leur baftimenr, comme il s’cllcuê, pour l’o-
fter apres. Retôbons à nos coches. En leur place,&de couteautrcvoi-
, tü ini
Cinq aages du modèl
Géants es Indes.
Magots,
Soleil nouvellement
créé.
Grande conionffiioti
dessins.
Chemin magnifia
que de Qwto à Cufco.