86 HISTOIRE DU PEUPLE D'ISRAËL.
en Israël que quand Israël devient une nation atta-
chée à un sol. Le progrès religieux d’Israël con-
sistera à revenir de Iahvé à Élohim, à corriger
ahvé, à lui retirer ses traits personnels pour ne lui
laisser que l’existence abstraite d’Élohim. Tahvé
est un dieu particulier, le dieu d’une famille
humaine et d’un pays; comme tel, il n’est ni meil-
leur ni pire que les autres dieux protecteurs. Élohim
est le Dieu universel, le Dieu du genre humain.
En réalité, c’est à Élohim et non à Tahvé que le
monde s’est converti. Le monde est devenu déiste,
c’est-à-dire élohiste, et non iahvéiste. Il a oublié
comment le nom de ahvé se prononçait; chacun
éternellement y mettra les voyelles à sa manière.
Ni le christianisme, ni l’islamisme ne connaissent
[ahvé. C’est un mot absolument éliminé de l’usage
pieux; c’est le nom d’un dieu barbare et étranger.
Le panthéon de ces peuples errants, réduit à
conserver de vieux mots, à défaut de vieilles images,
contenait ainsi une foule de vocables incompris,
que la mode religieuse prenait ou délaissait tour à
tour, et qui faisaient sur l'imagination l’effet de
spectres. Sebaoth est sûrement un des plus singu-
liers entre ces antiques noms divins, devenus des
énigmes. L’expression de Sebaoth pour désigner
la Divinité paraît provenir du même ordre d’idées