PRÉFACE,
anciennes. Avec les églises, qui ne sont que des
synagogues ouvertes aux incirconcis, nait une idée
de l’association populaire qui tranche absolument
sur la démocratie des villes grecques. Le christia-
nisme, en un mot, devient dans l’histoire un élé-
ment aussi capital que le rationalisme libéral des
Grecs, quoique à certains égards moins assuré de
l’éternité. La tendance qui porte le xix° siècle à
tout laïciser, à rendre civiles une foule de choses,
d’ecclésiastiques qu’elles étaient, est une réaction
contre le christianisme ; mais, en supposant même
que ce mouvement aille jusqu’au bout, le chris-
tianisme laissera une trace ineffaçable. Le libéra-
lisme ne sera plus seul à gouverner le monde.
L’Angleterre et l’Amérique garderont longtemps
des restes d’influence biblique, et, chez nous, les
socialistes, élèves sans le savoir des prophètes, for-
ceront toujours la politique rationnelle à compter
avec eux.
Les grandes créations de la Grèce et de la Judée
n’auraient pas seules conquis le monde. Il a fallu
que le monde, pour accepter l’hellénisme et le
christianisme, fût préparé, aplani en quelque sorte
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