LES BENI-ISRAËL A L’ÉTAT NOMADE. 163
termine à Suez en une plage sans profondeur
s’avançait alors, sous forme de lagune, bien plus
avant dans les terres’, et joignait, par un chapelet
de lacs ou par des infiltrations souterraines, le
bassin des lacs Amers. En réalité, les eaux de la
mer Rouge venaient jusqu’au seuil dit aujourd’hui
du Sérapéum. Celui qui voulait passer d’Égypte en
Asie, en laissant ce seuil au Nord, devait traverser
des flaques d'eau appartenant à la mer Rouge, bien
qu’à certains endroits, par suite des ensable-
ments, il eût à peine besoin de se mouiller les pieds.
De tels passages, cependant, n’étaient pas sans
offrir quelques dangers. La marée, dans ces cou-
loirs resserrés, pouvait avoir, par certains vents et
à certains moments de l’année, de singuliers ca-
prices, et, si l’on ne prenait pas bien ses heures,
on pouvait se voir cerné et exposé à périr en des
sables mouvants. Sans doute, l’imagination popu-
laire grossissait la liste des accidents réellement
arrivés et se complaisait en des épisodes fictifs de
caravanes, d’armées submergées?. On peut suppo-
ser, si l’on veut, qu'à ce moment difficile du voyage,
1. Les ruines de Colzoum (Clysma), où l’on s’est embarqué
pour l’Inde jusqu’au moyen âge, sont maintenant à deux lieues
dans les terres. Suez n’existe que depuis la conquête arabe.
2. Comparez les légendes de la Lieue de grève, en Bretagne.