LES BENI-ISRAËL A L ÉTAT DE TRIBUS FIXÉES. 303
par le suffrage, ni par l’investiture venant d’un
sultanat supérieur, ni par coup de force. Elle se
fait par une sorte de désignation, qui vient de
la supériorité de l’homme, de son ascendant, de sa
force et de son courage à la guerre. Il est très rare
que l’homme ainsi investi d’un pouvoir de circon-
stance en soit dépouillé avant sa mort +.
L'écriture n’était pas encore usuelle en Israël ;
on ne savait ce que c’était que suite dans les af-
faires et administration. Les souvenirs mêmes
étaient fort indécis. La mémoire historique du
peuple est toujours très courte. Une règle générale
de critique, c’est qu’il n’y à pas d’histoire propre-
ment dite avant l’écriture. Le peuple ne se souvient
que des fables. Le mythe est l’histoire des temps
où l’on n’écrit pas. Peu inventifs en fait de créations
mythologiques, les Israélites y suppléaient, comme
les Hébreux de l’âge patriarcal, par des monuments
anépigraphes, monceaux de témoignage, tas de
pierres, destinés à servir d’avertissement à l’avenir.
Les noms donnés à certains lieux, à certains arbres
doués d’une longue vie, tels que les térébinthes,
étaient aussi des o(h (signes) ou monimenta à leur
manière. Certains usages, enfin, avaient la préten-
1. Je ne parle pas, bien entendu, des agitateurs comme les
mahdis, qui sont l’analogue des prophètes et non des sofetim.