LES BENI-ISRAËL À L’ÉTAT DE TRIBUS FIXÉES, 595
D’après ce récit, de beaucoup le plus authenti-
que, la royauté est une bonne chose. C’est Dieu
qui la donne au peuple, sans qu’il l’ait demandée,
comme une sauvegarde. Tout se fait avec la conni-
vence de Samuël, Plus tard, on raconta l’événe-
ment d’une tout autre manière. On supposa que
Samuël, devenu vieux, établit ses deux fils, Joël et
Abiah, juges sur Israël', mais que ceux-ci, loin
d’imiter leur père, se laissèrent corrompre, reçurent
des cadeaux, firent fléchir la justice. Alors tous les
vieillards d'Israël seraient venus trouver Samuêël
à Rama, et lui auraient demandé un roi pour
les gouverner, « comme en ont tous les peuples ».
Non sans de vives objections, et après leur avoir
tracé un tableau fort sombre des abus de la royauté,
Samuël aurait consenti à contre-cœur.
Ge sont là les sentiments qu’éprouvèrent en effet
les prophètes, à une époque bien plus moderne. On
les prêta rétrospectivement à Samuël. Les hommes
de Dieu, les prophètes qui avaient pour idéal de
revenir sans cesse à l’ancienne vie patriarcale,
1. Selon I Sam., vur, 1, ils auraient jugé tous les deux à Beer-
seba. Cela est bien peu probable. Je suppose que la vraie leçon
était VAUTINA 719) 152, comme dans I Sam., 11, 20, con-
formément à la fausse idée que tous les so/et ont jugé sur tout
Israël.