LES BENI-ISRAËL À L’ÉTAT NOMADE. 23
où nous l’entendons; l’écriture était inconnue’, et
les besoins de ces têtes simples étaient fort réduits.
Mais la vie de la tente, en mettant les hommes
perpétuellement en rapport les uns avec les autres,
et en leur créant de grands loisirs, est une école à
sa manière, surtout pour l’élégance du langage et
pour la poésie. La poésie des Sémites nomades
consistait dans une coupe symétrique de la phrase
en membres parallèles, et dans l’emploi de mots
choisis. Déjà, sûrement, les tribus possédaient des
petits divans composés de cantilènes de huit ou dix
verssur les incidents de leur vie nomade, analogues
au fasar des Israëélites et au Kiräb el-Aghäni des
Arabes.
Les vrais monuments du temps étaient, comme
cela a lieu chez tous les peuples étrangers à l’écri-
ture, la pierre levée, le cippe dressé en mémoire
d’un fait et sur lequel était souvent représenté une
main, ce qui les faisait appeler äad*; souvent aussi
destas de pierres, gal ou galgal?, des «monceaux de
1. Le sceau dont il est question, Gen., xxxvII, 18, doit être un
anachronisme du rédacteur jéhoviste.
2. Gesenius, Thes., p. 568. Synonymie de 7» et de aw, I Sam.,
XV, 12; xviu, 18; Isaïe, LvI, D.
8. Galgal, ou si l’on veut gilgal, ne se trouve que comme nom
de localité; mais toujours ce mot est accompagné de l’article et
associé à l’idée de cultes anciens et idoläâtriques.