(975 av. J.-C] LE ROYAUME UNIQUE, 149
cien; nous ne voyons nullement l’enthousiasme des
masses. Pas un acte spontané, pas une indice de
vraie piété. Le roi travaille pour sa dynastie; la
foule se tait et paraît indifférente. L'ancien culte
libre des hauts-lieux en plein air restait évidem-
ment le culte cher à la plus grande partie du
pays.
On a remarqué que, plusieurs fois dans son
histoire, le peuple juif s’est attaché passionné-
ment à des choses qui lui avaient été d’abord
imposées ‘. Le temple fut une idée personnelle de
Salomon, une idée toute politique, dont la con-
séquence devait être de mettre l’arche et son
oracle dans la dépendance du palais royal. Au point
de vue israélite pur, le temple devait sembler
une déchéance. Cette localisation de la gloire de
[ahvé était si peu dans le vrai développement d’Is-
raël, que, le temple à peine achevé, nous verrons
les parties les plus vivantes de la nation s’en sé-
parer, et altester par leur schisme que cet édicule
n'appartenait en rien à l’essence du iahvéisme.
Le temple fut d’abord une sorte de Sainte-Cha-
1. L’exemple le plus frappant est la circoncision, qui tient si
peu à l’essence du judaïsme, et que cependant le judaïsme n’a
jamais pu abolir. Dans la circoncision même, l’accessoire a fini
par être mis sur le même pied que le principal.