192 HISTOIRE DU PEUPLE D'ISRAËL. [955 av. J.-C.]
pu exister entre les deux fractions du peuple, le
mal eût été beaucoup moindre; mais la guerre
des deux royaumes devint un état habituel. Les
règnes de Roboam et de Jéroboam, en partieu-
lier, furent une sorte de bataille continue entre
ces deux princes“. Les Philistins, gagnés autant que
domptés par David, ne furent plus, il est vrai, pour
les Israélites, un fléau aussi terrible qu’ils l’avaient
été autrefois. Mais les Araméens, l’Égypte, l’As-
syrie, broyèrent successivement un pays qu'aucune
institution politique ni militaire ne protégeait plus.
La cause qui avait porté les tribus d'Israël à se
séparer du royaume centralisé à Jérusalem avait
été le goût dominant de l’ancienne vie libre. Nous
avons eu souvent l’occasion de remarquer que
l’esprit de tribu, les habitudes de la vie nomade
et patriarcale étaient vivaces encore en Joseph.
Cet esprit ne se prêtait à aucune grande orga-
nisation ni civile, ni militaire, ni religieuse. Aussi
les cinquante premières années du royaume séparé
d’Israël ressemblent-elles tout à fait aux siècles
des Juges. Pas de capitale ni de ville importante,
pas de sultanat pompeux, desservi par des fonction-
naires, pas de finances, pas de temple central. Le
1.1 Rois, x1v, 19, 30 ; xv, 6 ; IL Chron., xur, 15.