[930 av. J.-C-] LES DEUX ROYAUNES. 205
L'usage de l’écriture s’était fort répandu sous David
et sous Salomon; mais on ne l'avait pas encore
appliquée aux traditions orales. Ces traditions se
défendaient par leur notoriété. On n’écrit pas ce
que tout le monde sait par cœur. La rédaction de
pareilles données ne se fait que quand la mémoire
éprouve déjà quelque fatigue et commence à
fléchir. Dans les âges antiques, la littérature la
plus importante n’était pas toujours celle qu’on
écrivail; c’était celle que la nation tenait dans ses
souvenirs.
Voilà pourquoi, d'ordinaire, la rédaction d’un
ensemble de traditions orales n’est pas, à l’époque
où elle à lieu, un fait aussi capital que nous sommes
portés à nous l’imaginer. Le livre qui ne fait que
fixer un vieux fonds traditionnel n’est jamais, au
moment où il est écrit, un événement de sensible
importance. Les gens au courant de la tradition
ne s'en servent pas et affectent même un certain
dédain pour ces sortes d’aide-mémoire ; les maîtres
s’en soucient peu. Il en fut ainsi pour les Évangiles,
pour les Talmuds, devenus plus tard des livres
d’une si haute importance, et dont l’apparition ne
fit aucune sensation, parce que la génération où ils
parurent en savait d’avance le contenu.
Les traditions orales d’Israël étaient de plusieurs