1930 av. J.-C] LES DEUX ROYAUMES. ÿ
le sauvage est, à cet égard, un chapitre incompara-
ble, le chef-d’œuvre de l’ethnographie '. L'opposition
de l’homme sédentaire et du chasseur ?, le besoin
final qu’a le chasseur, malgré ses superbes captures,
de recourir à l’homme de là tente, l’idée que tous
les chässeurs mourraient de faim, s’il n’y avait pas
des gens tranquilles pour leur préparer un plat de
lentilles, le triomphe final du paisible végétarien
sur le carnivore ne sauraient être plus parfaitement
exprimés. Déjà se dessine en Israël un trait décisif,
le goût d’une vie réglée, l’assurance que l’homme
pacifique finira par l’emporter sur le brutal. L’an-
tipathie contre l’esprit militaire est sensible. Jacob
est d’une couardise avouée; son amour du gain
n’est nullement blämé, et cet amour va parfois
jusqu’à de petites coquineries *. Joseph fait admi-
rablement son chemin comme bon intendant et bon
employé.
Et tout cela est clair, analysé en quelque sorte.
Le mythe, qui, chez les Grecs, se montre à nous
tout formé et par conséquent obseur, nous apparaît
ici dans sa formation même. Le narrateur primitif
1. Gen., XxvI, 22 et suiv.
2. Ibüd., XXVv, 27 : « l’un était chasseur, l’autre galant homme. »
Notez la différence de Noé 727N Z5N, et d’Esaûü, T7 UN.
>. Gen., XXVII, XXX.
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