M. ALEXANDRE DUMAS FILS « 7
trois ans alors. Il a été sans doute de ceux qui ont sifflé
la pièce et souri de la préface. Aujourd’hui la prédiction
est accomplie. L’homme est bien réellement mort, pour
avoir méconnu la voix, non pas du Moraliste, mais de la
patrie, — car le Moraliste n’avait fait ce jour-là que
répéter ce que la France nous disait à tous par chacune
de ses blessures : « Mon fils, refais ton cœur pour me
refaire. Guéris-moi en toi...» Qui ne l’a entendu, ce
soupir profond de la grande vaincue, parmi ceux qui
entraient dans la vie par la porte de la sinistre année?...
Les jours et les jours ont passé. Où en sont ces hautes
classes de qui devait descendre la lumière de l’exemple?
Où le mariage? où la famille? où le sens intime
de l’âme? — Regardez le ménage Riverolles, entre
mille. Vous n’avez pas voulu autrefois de cette sombre
tragédie symbolique qui était la Femme de Claude. On
vous servira à votre goût, roulée dans de l’ironie légère
et de la gaieté parisienne, cette amère pilule de la vérité.
Il y a dans Francillon une scène où l’un des personnages
s’écrie : « Oui, nous sommes tous comiques, extrême
ment comiques; tu es comique, ta femme est comique,
je suis comique... » Oui, l’auteur a ri, nous avons ri, —
mais, sachez-le bien, ce rire-là emporte avec lui une
tristesse profonde, et, si vous en étiez capable, un ensei
gnement.