Full text: Les essais de Michel, Seigneur de Montaigne

l$ê ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE, 
O 
defmejurée s 
forces. 
reu fe enuers ma femme, eftime que l’vne ou l’autre foie feinte, il eft 
Cruauté de Néron vn f 0 t. Néron prenant congé de fa mere qu’il enuoyoit noyer, fentit 
gnuersJamere. toutefois l’émotion de cét adieu maternel : & en eut horreur & pitié. 
Similitude. On dit que la lumière du Soleil, n’eft pasd’vnc piece continue : mais 
Lumere dafilai qu’ilnous élance fi dru fansccffe nouueaux rayons lesvns fur les au- 
neft continue. très, que nous n’en pouuons apperceuoir l’entre-deux : 
Lefôlci\ïÉthcrèlarge Largus enim hquidifions lummis œtherm fol 
eïeTesCicu'x drngat ajfiduè cAum candore récentf 
des rayons liquides d>- Suppediidiaue nouo confeflim luminc lumen: 
ne uouuelle Ipleniicur: IL J JJ . _ 
«diouftât coup fur coup ainu chance noftrc ame les pointes diuerlement & imperceptî- 
clarté. Lhc.I. 7. bîeinent. Artabanusfurprint Xerxes fonnepueu , & le tança de la 
mutation foudaine de fa contenance. Il eftoit à conhderer la gran 
it* />/«*« de deur delmefuréedefesforces,aupalfage del’Hellefpont, pôurl’en- 
Xnxes a la confiée- trc p r jf e de la Grece. Il luy print premièrement vn treftaillemcnc 
j~ es d alle, a voir tant de milliers d hommes a Ion leruice, &le telmoi- 
gnaparl’allegrelTe&feftedefoiivifage: Et tout foudain en mefme 
inftanc, fapenlée luy laggerant, comme tant de vies auoient à défail 
lir an plus loing, dans vn liccle, il refroigna fon front, & s’attnfta 
iufquesauxlarm.es. Nous auons pourfuiuy auec refoluë volonté la 
vengeance d’vnciniure,&relfenty vn lîngulicr contentement delà 
victoire, nous en pleurons pourtant : ce n’eft pas de cela que nous 
L'ame ne regarde pleurons : il n’y a rien de changé, mais noftrc ame regarde la chofe 
chofes d >» dVn autre f e [ a reprefente par.vn autre vifage ; car chaque cho- 
fc a pluficurs biais & plulieurs luftres. La parenté, les anciennes ac 
cointances &c amiciez, faifilfcnt noftre imagination, &lapaftion- 
nentpour l’heure, félon leur condition , mais le contour en eft II 
brufque, qu’il nous efehappe. 
Nil adeo fien celen rations videtur , 
Quam fi mens fien proponit ft) inchoat ipfa. 
Ocius ergo animas quam res fe perdet vüa y 
Ante oculos quarum in promptu natura videtur. 
eofxoïfLccffim.L. Et à cette caufe, voulans de toute cette fuitcc continuer vn corps, 
, nous nous trompons. Quand Timoleon pleure le meurtre qu’il auoic 
P;eursdeTimoleon ,, r ‘ g-' r , i., r , 
commis d vne u meure&genercule deliberation, il ne pleure pas la 
liberté rendue à fa patrie : il ne pleure pas le Tyran, mais il pleure 
fonhrere. Vnepartiede Ion deuoir eft rouée, lailfons luy en loüer 
l’autre. 
toutes 
«il biais. 
î! n’eft nul mouue- 
ment fi prompt que ce- 
tuy-la que noftrc ame 
conçoit & produit. Par 
tant elle lé meut foy- 
mcfmc d'vnc agitation 
plus fubitc, que touto 
autre chofe , dequoy 
fur meurtre par 
luy commis.
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.