LIVRE PREMIER.
-‘■nonne ajidemus
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Nil aliud fthi naturam latrare 3 mfi njt cum
Corporefteiunflus dolorahftt, mente jritatuf*
lucundo fenfu cura, femotus metüque ?
■Comparcz-luy la courbe .de nos hommes, ftupide, balle, fcmiîe, in-
Rabl'e, &: continuellement flocante en l’orage des palfions diuerfes,
qui la pondent &c répondent, dépendant toute d’autruy : il y a plus
d’edoignetnent que du Ciel à la terre : &: toutefois i’aueuglement de
noftre vfage ed: tel, que nous en faifdns peu ou point d’eftat. Là où,
fi nous confiderons vn païfan & vnRoy,vn noble &vn vilain,vn
magiftrac & vn homme priué, vn riche & vn panure ; il fe prefente
foudainànos yeuxvne extrême difparité : qui ne font differents par
manière dédire quenleurs chaudes. EnThrace, le Royeftoit di
stingue de fon peuple d’vne plaidante manière, & bien r’cncherie.
Il auoit vne Religion à parc : vn Dieu toutà luy, qu’il lïappartenoit
àfes fubjets d’adorer : c’eftoic Mercure : Et luy, deldaignôit les leurs.
Mars,Bacchus, Diane. Ce ne font pourtant que peintures,qui ne
font aucune diflemblance edencielle. Car comme les loueurs de
Cornedie,vous les voyez fur l’efehaffaut faire vne mine de Duc tk
d’Empereuir, mais tantoft apres, les voila deuenus valets&croche-
teurs miferabies, qui eft leur naïfue & originelle condition: auffi
l’Empereur, duquel la pompe vous efblouïc en public j
Scilicet fft) grandes viridi cum luce fmaragdi
Aura includuntur 3 tentürque Thalajftna njeftis
Ajftduè, &' Nencns Judorem excrcita potat 3
voyez-le derrière le rideau, ce n’eft rien qu’vn homme commun, &c a
î’aduenture plus vil que le moindre de fes fubjets. Ille heatus introrftum
eft: iftius hracle ata félicitas eft. La coüardife,l’irrefolucion, l’ambition,
le dcfpic & l’enuic l’agitent comme vn autre :
Non cnim ga%x, neque conjularis
Summouet liflor 3 mijeros tumultus
Mentis 3 (ftp curas laqueata circum
Te fia 'volantes :
& le foin & la crainte le tiennent à la gorge aü milieu de Tes ar
mées.
Re ‘vcrdque me tus hominum 3 curœque ftquacè$ 3
Nec metuuntJonitus armorum 3 neeftera icla 3
Audaflerque inter reges 3 rerumquê patentes
Vcrjantur 3 neque ftulgorem reucrentur ah aura.
La fiebure , la migraine &c la goutte l’efpargncnt-elles nori plus
que nous ? Quand la vieillede luy fera fur les efpaulcs, les archers
de fa garde l’en defehargeront-ils ? Quand la frayeur de la mort
le tranfira, fc r’alfcurcra-il par l’aftiftancc des Gentils-hommes
de fa chambre ? Quand il fera en ialoufte & caprice , nos bon-
nettades le remettront-elles ? Ce ciel de lidt tout enflé d’or ôi de
,Qj ü î
Ne vois tu pas que la
Nature n’abbaye alttre
chofe/mon que ia dou
leur s’efcartc du corps,
quil iouiffe d’vu cfprit
fain, & que les feus fe
refiouïfléut , les fonds
& la crainte chaflMaii
loiiii tuer. I. z.
Roys de Thrdce 3 efr
quoy diftingue^ de
leur peuple.
Similitude.
Empereurs coninte
les homes càmuns,
[1mets aux
& accidens.
Il endort les grandes
Sclumiaéufcs elhterau-
des eil l’or: il traifnc
toûiours vn fomptueux
habit de la couleur des
flots. Uitr.l.4.
Cettuy-là portede vue
interne & maflîuc féli
cité : cét autre vne, qui
11 eft que fimplcmcut
dorée dvne legere
fùeillc. S en. ep. us.
Les trefors Ou les li~
fleurs confulaircs, ne
chaflent pas de Tante
les piteux troubles ny
les poignantes folici-
tndes,qui volent à Tcn-
tour des magnifiques
lambris du plancher
d’vn Palais .Hor. I. z.
De vraf les tethpefteS
d efprit,& la parte peur, -
le fuiuent : ne daignas
les cliqüetis des armes
iiy les dards cruels : ils
rodent fiererrient par-
fny les Roys & les Em
pereurs , fans rcueret
î’efclac de Tor. Lncr.t.i