LIVRE PREMIER- 189
Si ventrï bene 3 f lateri eft pedihüfque mis , rid
Diuitiœ poterunt régalés addere mains.
il voit que ce n’eftquc biffe & piperie. Oüyà l’aducnturc il fera de
i’aduis du Roy Seleucus, Que qui fçauroit iepoids dvn Sceptre, ne
daigneroit l’amaffcr quand il le trouucroit à terre : U le difoit pour les
grandes & pénibles charges,qui touchent vn bon Roy. Certes ce
neft pas peu dcchofe que d’auoir à régler autruy, puis qu’à régler
nous-meimes,il feprefentetantdedifficultez. Quant au comman
der , qui femblc eftrc fi doux : confidcrant l’imbécillité du iugcmcnc
humain, & la difficulté du choix es chofcs nouucllcs & doutcules ; ie
fuis fort de cét aduis, qu’il eft bien plus aifé & plus plaifant de fuiurc,
que de guider : de que c’eft vn grand feiour d’efprit de n’auoir à tenir
qu’vnc voye tracée, & à refpondre que de foy ;
Vt fatius multo iam fit,parère quiet um }
Quam regere ïmperio res velle.
loint que Cyrus difoit, qu’il n’appartenoit pas de commâdcr à hom
me , qui ne vaille mieux que ceux à qui il commande. Mais le Roy
Hieron enXenophon ditdauantage; qu’àlaiouïffancedcs voluptez
mefmes,ils fontde pire condition que les priuez: dautantquei’ai-
fance de la facilité leur ofte l’aigre-douce pointe que nous y trou-
uons.
Pinguis arnor nimïürnque potens 3 in tædia nohis
Vertïtur 3 & ftomacho dulcis vt ejea nocct.
Pcnfons-nous que les enfans de choeur prennent grand plaifir à la
mufique? La fatieté la leur rend pluftoft ennuyeufe. Lesfcftins,lcs
danfes, les mafquarades, les tournois, refiouïffent ceux qui ne les
voyent pas fouuent,&: qui ontdefirédc lesvoir:mais à qui en fait
ordinaire, le gouft endeuient fade & mal plaifant :ny les Dames ne
chatouillent celuy qui en iouït à cœur faoul. Qui ne fc donne loifîr
d’auoirfoif,nc fçauroit prendre plaifir à boire. Les farces des bate
leurs nous refiouïffent, mais aux ioüeurs elles feruent de coruée. Et
qu’il foitainfijCe font delices aux Princes, ceft leur fefte, de fc pou-
uoir quelquefois traueftir, de démettre à la façon de yiure bafîè de
populaire.
Plerumcpue gratœ principihus vices 3
JMundæqucparuo ftub lare pauperum
Ccena Jine aulœis (ftf oftro,
Sollicitam cxplicuere jrontem.
il n’eft rien fi empefehant, fi defgoufté que l’abondance. Quel appé
tit ne fe rebuter oit, à voir trois cens femmes à fa mcrcy, comme les a
le grand Seigneur en fon Serrail ? Et quel appétit ôzvifage de chaffe,
s cftoit referué celuy de fesanceftres, qui n’alloit iamaisaux champs,
a moins de fept mille fauconniers? Et outre cela,ie croy que ce luftre
de Grandeur apporte non legeres incommoditez à la iouïffance des
plaifirs plus doux; ils font trop cfdairez de trop en butte. Et iençj
Si ton flanc,fi ton ven
tre & fi tes pieds fe por„
tent bien, les richelTcs
royales ne te peuucnc
adiolifter rie de mieux,
Horat. /. i. efift.
Sceptre de grand
poids.
Charges tfyn bon
Roy j grandes &
pénibles„
En forte qu’il vaut
mieux tranquillement
obeïr,que de comman
der & gouucrner les
affaire». Lucr. I. i.
Roys de pire condi
tion que les priuez^,
à latotiijjdnce mef-
tne desholupte^.
L’amour à l’engrez Se.
qui fc void en trop
plaine & paifiblc iouif-
lance, nous deuient fa •
de, nous foufleuant le
caur comme feroit ru
morceau trop doux,
O nid. Amer. I, a.
Similitude.
Parfois Je châge plaift
aux Princes : & les re
pas prins Amplement,
farts pourpre Sc faut ri
ches tapis, en la petite
maifon d vn pauurc,ef-
panouïflent les rides
d’vn front foucieux.
HorM.l.i.
L’abondance em-
pefche & degoujle.