LIVRE SECOND.
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Ses conditions cor»
pondes.
proportion de membres ; ne peuuent faire vn bel homme. Fa y au
demeurant, la taille forte tk ramaffée, le vifage, non pas gras, mais Taille de Montai*
plein,la complcxion entre le iouial &de mélancolique,moyenne- gw,
ment fanguinc & chaude,
Vnde rigent fetis mihi entra, 3 & péclora "ü illis : De là vîeat que ma
La fanté, forte & allègre, iufques bien auant en mon âge, rarement teSfcwkpoil. mV
troublée par les maladies. F elbois tel,car ie ne me confidere pas à cette
heure, que ie fuis engagé dans les auenuës delà vieilleffe,ayant picça
franchy les quarante ans.
minutâtim 'vires rohur adultum . , EI l c romp f p , eu a peu
^ les forces, & la meure
Framit, & in partern peïorem limitur retas. yigueuFdc ic^ncfle Et
jp i r 1 r 1 i n J'age s c ^ cou ‘ e tombant
Ce que ie feray dorelnauant, ce ne lera plus qu Vn demy eltre : ce ne au déclin,
fera plus moy : le m’efehappe tous les iours, & me defrobe â moy-
mefme.
Singula de nohts anni prœdantur euntes. Le temps pille en paf-
* rr i i - r c ■ ■ > r r • i, lant de 1105 cor P s ^ cs
D’adreüc&dedilpoiition,ien en ay point eu: Scliluis hlsd vnpere parcelles. Hor.ep.it.
difpofl, & dVne allegrelfe qui luy dura iufques â fon extrême vieil-
leffe. Il ne trp.uua guère homme de fa condition,qui s’égalaft â luy en
tout exercice de corps : comme ie n’en ay trouué guère aucun, qui ne
me furmontaft j fauf au courir, en quoy feftoy des médiocres. Delà
Mufique,ny pour la voix, que fyay tres-mepte,nypour les inftru-
mens,on ne m’y a iamais feeu rien apprendre. A la danfe, à-la paulme,
à la ludtc, ie n’y ay pu acquérir qu’vne bien fort legerc & vulgaire fuf-
iifance : â nager, â eferimer, â voltiger, &â fauter, nulle du tout. Les,,
mains, ie les ay fi gourdes ,queie ne fçaypaselcnre feulement pour
moy: de façon,que ce que i’ay barbouillé,i’ay me mieux le refaire que
de me donner la peine de le demefler,& ne ly guère mieux. le me fens
poifer aux efeoutans : au tremét bon clerc. le ne fçay pas clorre â droit
vne lettre, ny ne feeus iamais tailler plume, ny trancher â table, qui
vaille, nyequippcrvnchcual de Ion harnois,ny porter à poinélvn
oyfeau, & le lafeher : ny parler aux chiens, aux oy féaux, aux cheuaux.
Mes conditions corporelles font en famine tres-bien accordantes â
celles de lame, il n’y a rien d’allegre: il y a feulement vne vigueur
pleine & ferme. le dure bien â la peine, mais i’y dure, h ie m’y porte
moy-mefme, & autant que mon defir m’y conduit : m d fr d ^
Molhtcr aujlerum Jhtdio fallente laborem. doucement, Lauftcre
Autrement, fi ien’y fuis alléché par quelque plaifir,& fi i’ay autre ^ sappkque -
guide que ma pure îk libre volonté, ie n’y vauls rien ; Car i’en fuis la,
que fauf la fanté & la vie, il n’cft chofc pourquoy ie vueille ronger Ses conditions d’ef-
mes ongles, & que ie vueille acheter au prix du tourment d’efpnt, & l rit °
de la contrainte :
-tanti mihi non fit opaci
O rnnis arena T agi, quodque in mare ‘voluitur aurum.
P v ., 0 rr ° J À |.j „ _ prix toute l’an
£.xtiemement ouïr, extrêmement librepar naturc&par art. le Tage ombragé,
prefteroyauffi volontiers monfang,que monfoin.I’ay vncameiibre 1ÜI Iùu
Rr hj
Dieu ne permift , que
ie peufle acheter à ce
prix toute l’arcine du.
ny tout
qui le roule en la