Full text: Les essais de Michel, Seigneur de Montaigne

476 ESSAIS DE MICHEL’DE MONTAIGNE, 
Base l'eaild'rne rame, 
& de l'autre i’arcinc. 
ïraptit.l.s. 
Condition fuff fau 
te , ne doit eftre ha 
sardée fur l incerti 
tude de l'augmen 
ter. 
Par vu danger forts 
d’vu mauuais pallaga. 
ien.Agum.Afl. 2. 
Sans poudre & fans 
fucur i’aymerois mieux 
la palme. Hor.ef.i. 
François compares, 
a des ruinons, 
O 
C’efl y ne honte de 
polèr fur la telle , va 
fardeau qui palfe ta 
portée : & puis fon 
dant à genouïi flefehy, 
quitter la charge & 
tourner le dos. Pmp. /. 
Mal-heur, hon & 
profitable à quelque 
chofe. 
Si maintenant vn amyr 
ne nie le dépoli, s’il 
rend la vieille bourle 
& l’argent ; cela le doit 
nommer vnc foy mon- 
llrueufe,digne que l’on 
confulte les vers Thuf- 
ques , & qu’on expie 
Ion prefage par le vœu 
d’vue brebis couron 
née. luu.fat. is. 
le m’attache à ce que le voy, & que ie tiens, & ne m’efloigne guere 
du port; 
Alter remus aquas , aller tibï radat arenas. 
Et puis on ardue peu à ces auancemens, qu’en bazardant première 
ment le Tien ; Et ie fuisd’aduis, que fi ce qu’on a, fuffit à maintenir la 
condi tion en laquelle on eft nay, & drelfé, c’eft folie d’en lafcher Ja 
prife, fur l’incertitude de l’augmenter. Celuy a qui la fortune refufe 
dequoy planter fonpied, & eftablir vn eftre tranquille & repofé, il eft 
pardonnable s’il iette au hazard ce qu’il a, puis qu’ainlî comme ainft 
la neceftité l’enuoye à la quelle. 
Capienda rebus in malts prœceps uia ejl. 
Eti’excufc pluftoftvn cadet, démettre fa légitimé auvent, qucce- 
luy à qui l’honneur de la maifon eil en charge, qu’on ne peut point 
voir necefliteux que par fa faute. l’ay bien trouué le chemin plus 
court tk plus aifé, auec le confeil de mes bons amis du temps palfé, de 
me défaire de ce delir, & de me tenir coy : 
Cui fit conditio dulcis, fine puluerc palmœ : 
lugeant aulli bien fainement:,de mes forces,qu’ellesn’clloientpas 
capables de grandes chofes. Et me fouuenant de ce mot du feu Chan 
celier Ohuier; que les François fcmblent des guenons,qui vont grim 
pant contre-mont vn arbre,de branche en branche, & ne cclfent 
d’aller, iufques à ce quelles foient arriuées à la plus haute branche: 
pour y montrer le cul, quand elles y font. 
Turpe ejl quod ne que as capiti committere pondus, 
Etpreffum inflexu mox dare terga genu. 
Les qualitez melmes qui font en moy non reprochables, ie les trou- 
uois inutiles en ce liecle. La facilité de mes mœurs,on l’euft nommée 
lafeheté & foibleftc : la foy & la confcience s’y fulTent trouuées feru- 
pulcufes & fuperftitieufes : la franchife & la liberté, importune, in- 
conlidcrée & téméraire. A quelque chofe fert le malheur. Il fait bon 
naiftre en vn liecle fort depraué ; car par comparaifon d’autruy, vous 
elles ellimé vertueux à bon marché. Qui n’eilque parricide en nos 
iours & facrilege, il ell homme de bien & d’honneur : 
Tfunc Jî depofttum non inficiatur amicus 3 
Si reddat 'veterem cum tota œrugme follem 3 
Prodigwfa fides, & Thufcis digna Itbelhs, 
Quœque coronata lujlrari debeat agna. 
Et ne fut ïamais temps & lieu, ou il y eull pour les Princes loyer plus 
certain & plus grand, propofé à la bonté, &à laiullicc. Le premier 
qui s’auifera de le pouffer enfaueur, & en crédit par cette voye-là,ie 
fuis biendeceu ha boncompte ilnedeuance fes compagnons. La 
force, la violence, peuuent quelque chofe: mais non pastoufiours 
tout. Les marchands, les iuges de village,les artifàns,nous les voyons 
aller à pair de vaillance & fcience militaire, auec la noblelfe. Ils ren 
dent des combats honorables & publics &priuez : ils battent, ils de-
	        
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