livre second:
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Scipions pour l’autre, que vous rcfic-il à dire, qui vaille ? Qui ignore
Ariftote, félon eux, s’ignore quand de quand foy-mefïhc. Les âmes
groffieres & populaires ne voyent pas la grâce d’vti difeours délié. Or
ccs deux cfpeces occupent le monde. La tierce, aqui vous tombez en
partage, des âmes réglées de fortes d’eUes-mcfmcs, eft fi rare, que iu-
ftement clic n’a ny nom, ny rang entre nous : c’cft à demy temps per
du, d’afpircr, de de s’efforcer a luy plaire. On dit communément, que
le plus iufte partage que nature nous ay c fait de Tes grâces, c’cft ccluy
JuTens: car il n’eft aucun qui nefe contente de ce quelle luy en a di
stribué : n’eft-ce pas raifon ? qui verroitau delà,ii verroit au delà de fa
voie. Ic penfe auoir les opinions bonnes & laines,mais qui n’en erpid
autant des ficnnes?L vne des meilleures preuucs que i’en aye, c’-éftle
peud’cftimequeiefaisdcmoy : car fi elles n’euffentefté bien affeu-
rées, elles fe fuflentàifément laiffé pipper àl’affction que ie me por
te, finguliere, comme celuy qui la ramené quafi route à moy, &qui
ne l’efpands gueres hors de là. T ont ce que les autres en diftribuent à
vneiufinie multitude d’amis, de de cognoiffans, à leur gloire, à leur
Grandeur, ie le rapporte tout au repos démon efprit, de à moy. Ce
qui m’en efehappe ailleurs, ce n’eft pas proprement de l’ordonnance
de mon difeours:
-mïhi nempe valere CT 'viuere do fi us.
Ormes opinions, ie les trouuc infinieraent hardies de confiantes à
condamner mon infuffifance. De vray c’eft auftî vn ftqet, auquel
i’exerce mon iugemét autant qu’à nul autre. Le Monde regarde touft
iours vis à vis ; moy, ie replie ma veue au dedans, ie la plante, ie l’amu-
felà. Chacun regarde deitant foy , moy ie regarde dedans moy : le
n’ay affaire qu’à moy, ie me confidcre fans ccffc, ie me contrcrollc, ic
me goufte. Les autres vont touffeurs ailleurs : s’ils y penfent bien, ils
vont touffeurs auartt,
nemo in Jèfe tentât defccnâere:
moy, ie me roulleenmoy-mefmc. Cette capacité de trier le vray,
quelle quelle foit en moy, de cette humeur libre de n’affubjettir
alternent ma creance , ie la dois principalement à moy ; car les
plus fermes imaginations que Paye , de generales, font celles qui'
par manière de dire , nafquirent auec moy : elles font naturelles,
& toutes miennes. le les produifis crues de ffmplcs, d’vne produ
ction hardie & forte , mais vn peu trouble de imparfaite : depuis ie
les ay cftablies de fortifiées par l’authorité d’autruy, de parlesfains
exemples des anciens, aufquels ic me fuis rencontré conforme en
iugement : Ceux-là m’ont affeuré de la prinfe , de m’en ont don-
ftélaiouïffance de poffeftion plus claire.La recommandation que cha
cun cherche, de viuaci té de promtitude d’efprk, ic la prétend s du rc
glcmêt : d’vne ation elclatcàte de fignaléc,ou de quelque particulière
fuffifanceûe lapretends de l’ordrc,correfpondàce,& tranquillité d’o~
pinions de de moeurs.Omninojî quidejuaejt décorum, nihileftprofe(lo magk
S f ffj
tAmes grofleres &
populaires.
(mes réglées CT
fortes à'elies-mef-
mes.
Sens , plus ilifte par
tage des grâces de
nature.
le ftaii aimer pour moy
iavic; &ia famé. Plnut
Perfônrie nè s'efforce
à defeedre en foy naef-
mc. l'erf.
Imaginations CT
conceptions de Mon
tagne j quelle St
RecOmmancLitioHj
d'où eflprétendue &
recherchée.
Veritüblement fi qitci-
<juc ebofe sppofic de