Full text: Les essais de Michel, Seigneur de Montaigne

486 ESSAIS DE MICHEL DE MONTAIGNE’, 
«“nSy'en 1 cpùm œcjudiliusvmuerfadit a,tumfmgularum achonum: cjuamconferuarr 
dck v?e’emicre S & k non poflîs 3 fî aliommriaturam imitant 3 omittas tuam. Voila donc iniques 
conformante des par- 01 } j c mc fens coulpablede cette première partie, que ic diFois cfin- 
ticuhctcs aftions cutïc . . . , •* . f , 1 r r\ \ ^ 
clics ; mais tu ne les au vice delà prelompnon. Pourlalecondc,quiconliltcan’efiimcr 
voulût imiter l’humeur point allez autruy, ie ne fçay fi ic m’en puis fi bien exeufer : car quoy 
u^ireTiriScnar- q«’il ipe coufte, ie délibéré de dire ce qui en cil. A l’aduenture q Ue 
ïicre. Di ojf, J e commerce continuel que i’ay auec les humeurs anciennes, & Lu 
dée de ces riches âmes du temps pâlie, me dégouftc&d’autruy,& 
de moy-mcfmeroubicnqu a la vérité nous virions en vn ficelé, qui 
ne produit les choies que bien médiocres : Tant y a que ie ne c ognois 
rien digne de grande admiration : Aulfi ne cognois-ie gucre d’hom 
mes auec telle primauté* qu’il faut pour en pouuoiriugcr : & ccuxauf 
quels ma condition me mellc plus ordinairement, font pourlapluf- 
part, gens qui ont peu de foing de la culture de lame, & aufquels on 
ne propofe pour toute béatitude que l’honneur, &c pour toute perfe- 
£tion,que la vaillace. Ce que ic voy de beau en autruy, ic le loüc & l’ e - 
ftime tres-volotiers. Voire i enrichis fourrent fur ce quei’cn pcnfe,& 
me permets de mentir iufqucs-là. Car ie ne fçay point inuenter vnfui 
iet faux. le tefmoigne volontiers de mes amis,par ce que i y trouuedc 
loüable : Et d’vn pied de valeur, i’en fais volontiers vn pied & demy : 
Mais de leur preller les qualitez qui n’y font pas, ie ne puis : ny les dé 
fendre ouucrtement des imperfections qu’ils ont. Voire à mes enne 
mis, ie rends nettement ce que ie dois de tcfmoignage d’honneur. 
Monaffeélion fe change, mon iugement non. Et ne confonds point 
ma querelle auec autres circonltanccs quin’enfontpas.Etfuisialoux 
tarde la liberté de mon iugcmcnt,quemal-aifémentla puis-ie quit 
ter pour ^afiion que ce foit.Ie mc fais plus d’iniure en mentant,que ic 
n’cnfaisaceluy de qui ie mens. On remarque cette loüable & geae- 
Ènnemîf équitable- reil ^ e couj&umc de la nation Perfiennc ; qu’ils parloicnt de leurs mor- 
ment hcmon^felon tels ennemis, & à qui ils faifoicnt la guerre à outrance, honorable- 
U mérité de leur y cr- ment & équitablement, autant queportoit le mérite de leur vertu. Ic 
ttu cognois des hommes affez, qui ont diuerfes parties belles:qui 1’efprir, 
qui le cœur, quil’addrelfe, quilaconfciencc, qui le langage, quivne 
Science, qui vnc autre : mais de grands hommes en general, & ayant 
tant de belles pièces enfemble,ou vue,en tel degré d’cxccllécc, qu’on 
le doiue admirer,ou le comparer à ceux que nous honorons du temps 
paffé, ma fortune ne m’en a faitvoirnul. Et leplus grand quei’aye 
cogneuauvif, iedis des parties naturelles de lame, & le mieux né, 
c’elloit EftienncdclaBoëtic:il auoit vrayement vne amc pleine,& 
qui monftroit vn beau vifage à tout fens : vnc amc à la vieille marque : 
ôc qui eull produit de grands clfcéls fi fa fortune l’cufi; voulu : ayant 
beaucoup adioufté à ce riche naturel, par Science &c par cftude. Mais 
ie ne fçay comment il aduient, & fi aduient fans doute ; qu’il fe trou- 
ue autant de vanité & de foiblelfe d’entendement en ceux qui font 
profelfion d’auoir plus de fuffifancc, qui fe méfient de vacations Ict- 
Lnüanfe belle ÆE- 
O 
ftterme de la Boetie,
	        
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