[735 av. J.-C. LES DEUX ROYAUMES. at
l’humanité existe déjà. Cet esprit se résume dans
les nuances diverses du mot siak, signifiant à la
fois méditer, parler bas, parler avec soi-même,
s’entretenir avec Dieu, se perdre dans les vagues
rèveries de l’infini *.
C’est surtout par la conception de la Providence
et de la justice sociale que le développement hébreu
se sépara nettement de celui de nos races. Nos races
se contentèrent toujours d’une justice assez boiteuse
dans le gouvernement de l’univers. Leur assurance
d’une autre vie fournissait aux iniquités de l’état
actuel d’amples compensations. Le prophète hébreu,
au contraire, ne fait jamais appel aux récompenses
ni aux chàtiments d'outre-tombe. Il est affamé
de justice et de justice immédiate. Selon lui, c’est
ici-bas que la justice de Iahvé s’exerce. Un monde
injuste est à ses yeux une monstruosité. Quoi!
lahvé ne serait donc pas tout-puissant! De là une
tension héroïque, un cri permanent, une attention
perpétuelle aux événements du monde, tenus tous
pour des actes d’un Dieu justicier. De là surtout,
une foi ardente dans une réparation finale, dans un
jour de jugement, où les choses seront rétablies
comme elles devraient être. Ce jour sera le renver-
sement de ce qui existe. Ge sera la révolution radi-
1, Genèse, xxIv, 63,