LES BENI-ISRAËL A L’ÉTAT NOMADE, 65
cette manière de voir ne peut que perdre les familles
humaines qui s’y renferment. Mais, à l’origine, un
tel sentiment fut souvent préservaleur et conser-
vateur. La tente sémilique y gagna de rester pure
de bien des abominations, restes de la bestialité
primitive, et des aberrations qui accompagnèrent
les premiers délires de la conscience naissante.
L’honnèêteté avait alors plus de valeur qu’aujour-
d’hui, pour l’œuvre générale du progrès. C’était une
pauvre petite plante, nulle part acclimatée, partout
menacée, sans laquelle la culture humaine ne pou-
vait réussir. Tout ce qui la protégeait servait au
bien de la véritable civilisation.
D’ordinaire, les hordes nomades que nous avons
montrées portant avec elles, dans leur simple atte-
age de pasteurs, un principe moral élevé, côtoyaient
les sociétés déjà établies, sans s’y mêler. Ces petits
groupes de simples gens éprouvaient, devant ce
qu’ils ne comprenaient pas, une sorte d'horreur.
L’Égypte, l’Assyrie surtout étaient pour elles des
abimes insondables. Le nombre énorme des
esclaves et des fonctionnaires devaient les révolter.
Les constructions gigantesques leur paraissaient
de pures folies, des actes d’orgueil. Le plus sou-
vent, cependant, l’attraction finissait par l’em-
porter. La tribu acceptait certaines conditions