LES BÉNI-ISRAËL A L’ÉTAT NOMADE, 69
l’humanité. D’interminables histoires de dieux et
de géants charmaient l’imagination populaire*.
Mais un esprit des plus singuliers se mêlait à tout
cela. Ge n’était pas la mythologie naïve, se jouant
dans les mille équivoques des mots et suivant à
perte de vue les capricieuses fusées des méta-
phores; c’étaient déjà des velléités d’hypothèses
scientifiques, partant d'observations vraies, géné-
ralisant parfois avec un rare bonheur, et exprimant
les premières aperceptions de la raison en formules
qui nous paraissent ambitieuses, depuis que nous
avons appris à ne procéder dans la recherche des
causes que par la méthode analytique.
En somme, déjà l’esprit humain, sur ce poste
avancé de son développement, avouait obscurément
la prétention d’expliquer l’origine du monde sans
l’intervention des dieux. La génération spontanée,
conclue d’une façon trop’ sommaire, était le dogme
fondamental de la science babylonienne:. Le
1. F. Lenormant, les Origines de l’histoire, t. I" (1880).
2. Bérose, Damascius, Agriculture nabatéenne, fragment dé-
couvert par Smith (en tenant compte des rectifications de
M. l’abbé A. Quentin). Voy. Chwolson, Die Ssabier (Saint-
Pétersbourg, 1859); Lenormant, op. cit, t. Ie, append., et Com-
ment. sur Bérose (Paris, 1871); mes mémoires sur Sanchonia-
thon et sur l’Agriculture nabatéenne (Mém. de l’Acad. des
Inser. et Belles-Lettres, t. XXIII, 2° part, ett. XXIV, 1° partie).