LES BENI-ISRAËL A L’ÉTAT NOMADE, 85
aussi fort admissible que Iahvé soit le dieu local du
Sinaï ou le dieu provincial de la Palestine*. De
toutes les questions obscures de ces antiques his-
toires, celle-ci est assurément la plus désespérée.
Ges noms propres de Iahvé, de Camos, que les peu-
plades syro-arabes donnaient à leur dieu suprème,
sont un problème tout à fait insoluble. Notre opinion
est que l’élohisme patriarcal doit ètre conçu comme
antérieur et supérieur au iahvéisme, au camo-
sisme, ete. C'était un immense avantage que les
dieux n’eussent qu’un nom générique, éloignant
toute idée de personnalité. Ge fubun progrès, si l’on
veut, quand ces élohim, unifiés en un seul Élohim,
agirent comme un seul être. Mais ce fut une déca-
dence quand ils eurent un nom propre, Camos,
Tahvé, Rimmon, et constituèrent pour chaque
peuple un dieu jaloux, égoïste, personnel. Seul, le
peuple d'Israël corrigera les défauts de son dieu
national, supprimera son nom propre, le ramènera
à n’être qu’un synonyme d’Élohim.
Le récit de cette lente transformation, qui était
un retour à l’état patriarcal primitif, remplira
cette histoire. Pour le moment, qu’il nous suffise
de faire remarquer que Iahvé n’a de rôle important
1. V. ci-après p. 119-120, 185 et suiv., 231.