PRÉFACE.
durant des siècles. Il a fallu qu’une grande force
humanitaire fàt créée, force capable d’abattre les
obstacles que les patriotismes locaux opposaient
aux propagandes idéalistes de la Grèce et de la
Judée. Rome a rempli ce rôle extraordinaire.
Rome, par des prodiges de vertu civique, a créé la
force dans le monde, et cette force, en réalité, a
servi à propager l’œuvre grecque et l’œuvre juive,
c’est-à-dire la civilisation. La force n’est pas une
chose aimable, et les souvenirs de Rome n’auront
jamais le puissant attrait des choses israélites et
grecques ; l’histoire romaine n’en fait pas moins
partie de ces histoires qui sont le pivot des autres,
et qu'on peut appeler providentielles, parce que
leur place est comme marquée dans un plan supé-
rieur aux oscillations de tous les jours.
Je dis providentielles, et non miraculeuses. Tout,
dans le progrès de l’humanité, sort d’un même
principe, à la fois naturel et idéal. S’il y a des his-
toires miraculeuses, il y en a au moins trois. L’his-
toire juive, qui voudrait avoir le monopole du
miracle, n’est pas un fait plus extraordinaire que
l’histoire grecque. S’il faut l’intervention surna-