% PRÉFACE,
turelle pour expliquer l’une, il faut aussi l’inter-
vention surnaturelle pour expliquer l’autre. Je
dirai même que, d’après mon sentiment, le plus
grand des miracles de l’histoire, c’est la Grèce.
L'apparition simultanée qui s’est faite dans la race
hellénique de tout ce qui constitue l’honneur et
l’ornement de l’esprit humain me frappe beaucoup
plus que le passage à pied sec de la mer Rouge
ou du Jourdain. Heureux celui qui écrira cette
histoire avec amour, à soixante ans, après. avoir
employé sa vie entière à étudier les travaux que les
écoles savantes y ont consacrés! Il sera récompensé
par la plus grande jouissance qu’on puisse goûter,
la joie d'assister aux évolutions de la vie au centre
même de l’œuf divin où la vie commença tout
d’abord à palpiter.
Et cependant, parce que je porte envie au futur
historien du génie grec, est-ce à dire que je regrette
le vœu de naziréen qui m’attacha de bonne heure
au problème juif et chrétien? Non, certes. Les his-
toires juives et chrétiennes ont fait la joie de dix-
huit siècles, et, bien qu’à moitié vaincues par le
rationalisme grec, elles ont une étonnante efficacité