LES BENI-ISRAEL A L’ÉTAT NOMADE, 143
durent accommoder leur vieux culte au goût de leur
nouveau pays; ou plutôt, à ce culte d’une simplicité
toute bédouine, ils durent ajouter des observances
qu’ils voyaient pratiquer autour d’eux, avec une foi
entière en leur efficacité. Quelques parties, regar-
dées plus tard comme essentielles de la religion
d'Israël, datent de ce temps, et c’est ainsi que
l’Égypte, quoique profondément païenne, se trouve
avoir inséré des éléments importants dans la tradi-
tion religieuse de l’humanité.
L’Égypte avait, dès ces temps reculés, des textes
sacrés et une littérature religieuse assez développée.
Rien n’autorise à croire que ces textes aient exercé
sur les Israélites la moindre influence. Les Israé-
lites ne lisaient pas l’égyptien, et, si l’alphabet de
vingt-deux lettres existait, ils ne s’en servaient
pas. Il est probable que pas un seul des émigrés hé-
breux ne se trouva en rapport avec les prêtres qui
enseignaient les mystères plus ou moins relevés de
la théologie égyptienne. Ils n’auraient sans doute
pas rencontré un seul de ces hiérophantes dans le
canton à peine égyptien où ils demeuraient; d’ail-
leurs, de telles spéculations, à supposer qu’elles
aient eu quelque sérieux, n’étaient guère dans la
tournure de leur esprit. Rien de rare, rien de savant
n’arriva jusqu’à eux. L’Israélite vit l'Égypte comme