= PRÉFACE.
quelque sorte, les deux histoires maitresses du
monde. Or, si j’écrivais l’histoire des peuples
grecs, cette histoire la plus merveilleuse de toutes,
je ne me refuserais pas à y signaler de fâcheuses
parties. On peut admirer la Grèce sans se croire
obligé d'admirer Cléon et les mauvaises pages des
annales de la démagogie athénienne. »
L'œuvre d’Israël a été accomplie, comme toutes
les œuvres humaines, au moyen de violences et de
perfidies, à travers des oppositions, des passions,
des crimes sans nombre. L'esprit juif a tiré sa force
de ses traits les moins sympathiques, de son fana-
tisme, de ses tendances exclusives. Dire cela, c’est
dire une banalité. La royauté française, l’unité
catholique du moyen âge, le protestantisme, la
Révolution, se sont faits par toute sorte de crimes
et d’erreurs. Un grand homme est constitué par ses
défauts autant que par ses qualités. Ces brusqueries,
ces duretés, qui choquent à si bon droit mon ami
M. Taine, dans Napoléon, étaient une partie de sa
force. Bien élevé, poli, modeste comme nous, il n’eùt
pas réussi ; il eût été aussi impuissant que nous.
Cette histoire mécontentera également les esprits
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