290 HISTOIRE DU PEUPLE D'ISRAËL.
Mais il n’est pas rare que lahvé, quand il veut
se révéler aux hommes, use de déguisements.
I se fait Protée et Vertumne. Alors il est partieu-
lièrement batailleur. On le rencontre dans des
coins déserts des pays qu’il affectionne ; il essaye
de vous tuer, 11 veut du sang*. Ou bien, dans le
cauchemar des mauvaises nuits, on s'imagine
lutter contre lui. On sue, on s’épuise contre une
force inconnue. Cela dure toute la nuit, jusqu’au
lever de l’aurore. Alors on se réveille énervé; on à
lutté contre Iahvé ou contre son maleuk?. C’est ce
qui arriva à Jacob, et de là sans doute l'expression
Abir Jakob, « le Fort de Jacob » ou Abir Israël*,
pour désigner Dieu. Le maleak était la fiction par
laquelle l’être informe ou difforme rentrait dans
l’ordre des êtres visibles et finis. En général, la
règle, quand on soupçonnait la présence du ma-
leuk, était de lui servir un copieux repas *.
En général, lahvé est insaisissable, imprévoyable.
À peine, sous les caprices de ce bizarre agent
électriforme, le dieu juste que Iahvé sera un jour
se laisse-t-il deviner. Le Tahvé du temps des Juges
1. Moïse et Sippora. Exode, Iv, 24 et suiv
2. Gen., xXXXII, XXXV.
3. Gen., XLIX, 24 ; Isaïe., I, 24.
4, Abraham, Gédéon.