LES BENI-ISRAËL A L’ÉTAT DE TRIBUS FIXÉES. 293
L’arche n'avait pas de séjour fixe. De Gilgal, elle
fut transportée à Béthel !, ville déjà sainte, dont
elle augmenta la sainteté; puis à Silo, où elle paraît
avoir demeuré longtemps ; ce qui, joint à la position
centrale de cette ville, faillit créer une capitale pour
[Israël®. Mais on ne se faisait pas serupule de déplacer
le meuble sacré; c’était comme le carroceio des ville s
italiennes du moyen âge, le palladium de la nation.
On menait l’arche dans les guerres, au risque de la
perdre. Souvent on la mettait sous une tente ; mais,
depuis la fin de la vie nomade, ce mode d’abri parut
nsuffisant. On la logeait en général dans la maison
de quelque notable, qui en était ainsi le gardien.
L'idée de bâtir une maison pour elle dut venir dès
lors; on était si peu établi, si peu riche, si peu
maitre du pays, que personne ne s’empara de cette
idée et ne la développa. Le petit ‘établissement de
l’arche, avec son éphod, son appareil divinatoire,
n’en constituait pas moins une sorte de temple, ce
qu’onappelait bet ha-élohim, « maison de Dieu »,
ou « maison des Élohim » *,
L’arche, du reste, n’avait pas, en ces temps an-
ciens, le rôle exclusif qu’on serait tenté de lui attri-
1. Juges, x, 26 et suiv.
2. Fréquentes mentions dans Josuë, Juges et | Samuel.
3. Juges, xviIr, 31.