296 HISTOIRE DU PEUPLE D’ISRAËL.
nous apparaissent, il est vrai, comme très attachées
au culte de [ahvé. Débora, si le texte de son cantique
n’est pas faussé, aurait été déjà pleine de cette idée
que les malheurs du peuple, surtout les guerres,
sont la conséquence d’infidélités, de faiblesses pour
les dieux étrangers. Mais le passage en question pa-
rait altéré. Les faits de Gédéon, de Mikah, des Ga-
laadites, des Danites du Nord’, nous montrent
combien la religion était encore éparse, peu régula-
risée. La plupart des tribus tenaient Iahvé pour
le dieu protecteur d’Israël ; Tahvé était à peu près
le seul dieu à qui l’on demandât des oracles ; mais
on lui donnait pour compagnons les dieux du pays;
on invoquait Baal et Milik, concurremment avec lui.
On adorait ce dieu, déjà susceptible et jaloux, sur
les autels en plein air souillés par les indigènes ; on
l’associait à des cultes impurs. Savait-on même bien
toujours si les sacrifices s’adressaient à ahvé, ou à
Baal, ou à Milik? Ces mots étaient presque syno-
nymes. Dans tout cela, on le voit, rien qui annonçât
la religion de l’esprit. Les (images, ou plutôt les
ustensiles de bois et de métal qui servaient à la di-
vination, devenaient des objets d’exploitation hon-
1. Juges, v. 8.
2. V. ci-après, ch. 1x, XI, XII.