300 HISTOIRE DU PEUPLE D’ISRAËL.
nulle. Juda avait ses chefs, Ephraïm avait ses
chefs. Aucune tribu n’avait un chef, un point cen-
tral. Le sar-saba ou chef d’armée, le sofer ou re-
cruteur* n’avaient que des pouvoirs momentanés.
L'organisation militaire, si forte au moment du
passage de l’Arnon et du Jourdain, s’était évidem-
ment affaiblie. L’armement était pauvre ; le cheval
de guêrre n'avait pas encore été importé d’Egypte ;
les chars bardés de fer faisaient défaut.
Ce n’est pas que l’activité de la race ne füt tou-
jours très intense. Elle se dépensait en conquêtes
de détail. Très prolifique, la race d’Israël faisait
goutte d’huile ; elle gagnait chaque jour sur la race
chananéenne, par sa puissante natalité. Mais les
fortes habitudes militaires que le peuple avait eues,
depuis la sortie d’Ésypte jusqu’à la fin de l’époque
résumée à tort ou à raison par le nom de Josué,
étaient évidemment presque perdues.
En présence de voisins malveillants, une nation
aussi dénuée d’institutions ne pouvait manquer de
courir de très fàcheuses aventures. Les Philistins
surtout, petit peuple guerrier et féodal, cantonné
dans cinq places très fortes, Gaza, Asdod, Ascalon,
Gath, Ekron, étaient pour le pacifique Israël de
1. Cantique de Débora, v.14. Sofer n’implique pas l’écriture.
C{£. IL Rois, xxv. 19.