LES BENI-ISRAËL A L’ÉTAT DE TRIBUS FIXÉES. 301
très dangereux voisins. Quand les tribus israélites
se voyaient trop vivement pressées, elles avaient
recours à des fédérations passagères, qui ame-
naient l’unité momentanée du commandement. Le
chef transitoire, désigné par une sorte d’inspiration
secrète de [ahvé, s’appelait sofet, « juge ». C’était
le nom que les villes chananéennes qui n’avaient
pas de race royale donnaient à leurs consuls’. Le
sofet hébreu ressemblait tout à fait au dictateur
romain. Seulement l’idée théocratique, qui est au
fond de toutes les institutions des peuples sémiti-
ques, faisait attribuerä cette magistrature suprême
un caractère religieux. Le sofet participait du chef
élu de Dieu et du prophète inspiré. Son autorité
était absolue ; sa famille, comme il arrive toujours
en Orient, la partageait avec lui. Mais le besoin de
centralisation n’était pas suffisant pour qu’un tel
pouvoir arrivât à se constituer à l’état héréditaire*.
Israël° garda cette trace de son origine bédouine, de
2 S >
1. Suffètes de Carthage. Voy. Corpus inser. semit., 1'° part.
t. 1, n° 124, 132, 143, 165, 176, 199-228, 278, 367-371, surtout
p. 302.
2. Il est remarquable que, dans la très ancienne liste des rois
d’Edom, qui nous est donnée, Gen., xxxvI, 31 et suiv., aucun roi
n’est le fils de son prédécesseur. C’étaient des sofetim, se sui-
vant sans discontinuité.
3. Surtout l’Israël du Nord, le vrai Israël.