302 HISTOIRE DU PEUPLE D'ISRAËL.
n’aimer jamais les pouvoirs durables. La vie en
famille, sans gouvernement, fut toujours son idéal.
L’autorité se présente d’ordinaire à l’Arabe
comme une gêne; il en veut le moins possible,
parce qu’il ne sait pas la tempérer, et qu’il ne voit
pas le bien qui en résulte pour la communauté.
Les pouvoirs, avec un tel état d’esprit, durent peu;
tout le temps qu’ils durent, ils sont cruels, terribles.
Le juge, pendant son suffétat, était un tyran, sans
armée régulière ni gouvernement organisé. L’Orient
n’a jamais rien compris au pouvoir limité dans son
principe même. Le sofet est un très faible souve-
rain; mais ce qu’il peut, il le peut d’une manière
absolue; un souverain constitutionnel peut infini-
ment plus de choses, mais ne les peut pas d'une
manière absolue.
Ces hommes dirigeants formaient une chaîne à
peu près continue‘; il ne leur manqua que la suc-
cession de père en fils pour constituer une vraie
dynastie. On ne se rend compte d’un tel phénomène
d'émergence spontanée, que quand on a étudié la
manière dont se crée l’élection d’un homme pour
un rôle de commandement, dans le monde arabe.
Gette élection ne se fait ni par l’hérédité, ni
1. La chronologie tirée du livre des Juges est tout à fait incer-
taine et en contradiction avec I Rois, vi, 1.