368 HISTOIRE DU PEUPLE D’ISRAËL.
du Sud, sont perdus. D’autres furent fabriqués
postérieurement et rattachés à Bethléhem, à la
famille de David‘. Arrivé à une organisation plus
avancée, Israël se représenta cet âge comme un
temps où il avait été heureux, où du moins il avait
été jeune et libre. Une veine romanesque Lout à
fait exquise fut ainsi créée.
Le roman a besoin, pour placer ses rêves,
de pays et de temps qui se prêtent à la fiction et
lui fournissent le fond Inmineux qui noie le tableau
dans une sorte de mirage. De même que, chez les
Arabes, toute anecdote placée sous Haroun al-Ra-
schid, et qu’au moyen âge, l’historiette arrivée du
temps du roi Jean, recevaient de là un caractère par-
ticulier de liberté et de franche allure; de même
il suffisait d’écrire en tête d’un récit : «Or il arriva,
du temps que les Juges jugeaient en Israël », ou
bien : « C’était une vieille coutume en Israël du
temps des Juges », pour que l’auréole poétique füt
créée, et que l’esprit fût tout d’abord préparé aux
idylles et aux récits dégagés de piétisme. Toutes
les licences étaient couvertes, si l’on terminait les
passages un peu choquants au point de vue de la
piété moderne par cette formule : « Et, en ce temps-
1. Livre de Ruth.