LES BENII-SRAËL A L’ÉTAT DE TRIBUS FIXÉES. 369
là, il n’y avait pas de roi en Israël; chacun faisait
ce qui lui plaisait. » Le temps des Juges devint ainsi
comme une continuation de celui des patriarches.
Le Livre de Ruth nous est resté comme la perle de
cet état littéraire où il suffit de présenter la réalité
telle qu’elle est, pour que tout soit inondé de
chauds et doux rayons.
C’est là que l’homère des Grecs est égalé et le
cycle arabe tout à fait dépassé. Pas une ombre
d’arrière-pensée littéraire, un grain de la plus inno-
cente fiction suffisant à l’idéal. Pas de loi, si ce
n’est celle que dictent de vagues éohim. Ruth,
et Booz sont frappés pour l’éternité, à côté de
Nausicaa et d’Alcinoüs. Plus l’humanité s’éloi-
gnera de la vie primitive, plus elle se plaira en ces
contrastes charmants de pudeur et de naïveté, dans
ces mœurs à la fois simples et fines, où l’homme,
sans obéir à aucune autorité supérieure, ni loi,
ni cité, ni ro’, ni empereur, ni religion, ni prêtre,
à vécu plus noble, plus grand et plus fort que
quand mille conventions l’ont enserré et que des
siècles de disciplines successives l’ont pétri.
Grâce aux poèmes homériques, nous avons le
tableau de la vie des tribus hellènes à l’époque
parallèle à celle des Juges. L’analogie est grande.
Bien que séparées par un abime au point de vue de
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