3, HISTOIRE DL PEUPLE D’ISRAËL.
et qui trouvaient le plus souvent dans la royauté
un obstacle à leurs utopies, voyaient une sorte de
sacrilège en la transformation qui fit d’Israël un
pays comme un autre. lahvé était le vrai roi du
peuple, dans le système théocratique. Lui substituer
un roi profane était une impiété, une ingratitude,
une apostasie*. C’était une marque de défiance ;
c’était dire à Tahvé qu’il ne suffisait pas à défendre
son peuple, qu’un roi valait mieux. La théocratie
revêtait ainsi l’apparence de la démocratie. Le
roi, représentant d’une société laïque et profane,
apparaissait comme une diminution de la société
religieuse.
Tel ne fut sûrement pas le sentiment de Samuêl.
La satire qu’il est censé faire de la royauté vise
le règne de Salomon, qu’il ne pouvait prévoir
soixante ans d'avance. Mais, idéalement parlant,
la page fine et naïve où se résume la politique de la
théocratie israélite* a toute sa vérité. La dualité
est déjà établie. Israël aspire à deux choses contra-
dictoires ; il veut être comme tout le monde et être
à part; il prétend mener de front une destinée
1. I Sam, vi, 7.
2. [ Sam, ch. vu. L’auteur théocrate reprend au ch. x, 17 et
suiv., — puis au ch. xt, 1 et suiv., — puis au ch. xII, 8-14, —
puis au ch. xv.
Ban