LES BENI-ISRAËL A L’ÉTAT DE TRIBUS FIXÉES. 397
réelle supportable et un rêve idéal impossible.
Le prophétisme et la royauté sont mis, dès l’ori-
gine, en opposition absolue. Un état laïque, obéis-
sant à toutes les nécessités des états laïques, et
une démocratie théocratique, minant perpétuelle-
ment les bases de l’ordre civil; voilà la lutte dont
le développement remplit toute l’histoire d'Israël et
lui donne un si haut cachet d’originalité. En choisis-
sant pour théâtre de la lutte la conscience mème de
Samuël, l'historien théocrate a fait comme Denys
d’Halicarnasse, prêtant les raisonnements les plus
profonds de la politique romaine à Romulus.
L'institution de la royauté en Israël fut un fait
tout profane ; il ne s’y mêla aucune idée religieuse.
Bien que des récits fort anciens nous montrent
Saül en rapports avec les nabis, il ne tenait rien, à
ce qu’il semble, des cohanim. La fiole d’huile que
Samuël est censé verser sur sa tête ‘ est une légende
et, en tout cas, n’est pas inconciliable avec les
données très sérieuses qui montrent la royauté
d'Israël sortant d’une espèce de champ de mai. Les
sacrifices qui se firent, dit-on, à Galgal étaient le
festin obligé de toute solennité. Le narrateurbiblique
entend sans doute que ces sacrifices furent offerts à
1.1 Sam., x, 1 et suiv., peu d’accord avec ce qui suit. Saül
eût été sacré avant qu’il fût question de sa royauté.