11025 av. J.-C] LE ROYAUME UNIQUE. 13
Les conséquences de cette politique de concilia-
tion auraient pu être excellentes. On marchait vers
le genre de fusion qui constitue une nation. Les dis-
tinctions des anciennes tribus s’affaiblissaient. Les
Benjaminites avaient joué un rôle si intimement lié
avec celui des Judaïtes dans la confection de la
royauté, que les deux tribus devinrent désormais
presque indiscernables. Jérusalem était située sur
la limite des deux tribus et devenait pour elles une
capitale commune “. La réunion était d’autant plus
facile que Benjamin était petit et ne consistait
guère qu’en quelques fiefs militaires. La royauté
se rattacha ces fiefs, et Benjamin devint ainsi une
sorte de domaine royal à la porte de Jérusalem. Les
autres tribus abdiquaient presque devant Joseph ou
Éphraïm. Tout se polarisait done sur Éphraïm et
Juda. Mais, entre ces deux grandes moitiés de la
nationalité d'Israël, le rapprochement n’était qu’ap-
parent. Le pouvoir de David était peu de chose dans
les tribus du Nord. L'importance grandissante de
Jérusalem excitait une réaction de jalousie en ces
régions, dont la colline jébuséenne n’était nullement
la capitale. La gloire de David faisait tressaillir de
1. Sur l’ében bohan, voy. Clermont-Ganneau, dans la Revue
archéol., août 1870-71, p. 116, et dans Palestine expl. Funil,
1874, p. 80 et suiv.