218 HISTOIRE DU PEUPLE D'ISRAËL. [980 av. J.-C-]
rait triple', et ses fils ont avec les femmes des
embrassements féconds®. La morale est à peine
née; les volontés d’Élohim sont capricieuses, par-
fois absurdes. Le monde est tout petit. On atteint
le ciel avec une échelle ou plutôt une pyramide à
échelons*. Des messagers vont sans cesse de la terre
à l'empyrée. Les théophanies et les angélophanies
sont fréquentes. Les songes sont des révélations
célestes, des visions de Dieu.
Les mythes ethnographiques de notre narrateur
ont surtout une profondeur qui étonne. Sur ce
terrain, il semble faire exprès d’être choquant, de
violer la nature, pour bien avertir que tout se passe
hors de la réalité. Les amours des fils des dieux el
des filles des hommes, celles de Lot et de ses filles,
Cham riant de la nudité de son père, les batailles de
Jacob et d’Ésaü dans le ventre de leur mère, sont
de colossales incongruités, qui ne peuvent blesser
qu’une étroite pruderie, et qui expliquent mieux
qu’aucune formule anthropologique les mystères
cachés des races, leurs sympathies, leur inégalité,
leurs substitutions, leurs mélanges, leurs haines.
Toute l’histoire de Jacob le supplantateur et d’Esaï
1, Gen., vi, 1 et suiv.
2. Ibid., XVII, 4 et suiv.
3. Mythes de Béthel.