(930 av. J.-C-] LES DEUX ROYAUMES. 223
idée fondamentale de la critique, qu’il n’y a pas
d'histoire avant l’écriture. Ce qui existe souvent
avec un grand éclat et un grand développement chez
un peuple illettré, ce sont des chants populaires.
Israël possédait un riche écrin de ces sortes de
chants, remontant à deux ou trois siècles, et se
rapportant le plus souvent à des faits historiques
dont le souvenir direct s’était perdu. Parfois le
chant populaire contenait des indications suffi-
santes pour reconstruire le récit du fait; parfois
ces indications manquaient ou prêtaient au malen-
tendu; alors c’était l'imagination des âges posté-
rieurs qui y suppléait. Le Kitdb el-Aghäni des
Arabes est le type de ces sortes de compilations, où
(les chants longtemps gardés par la tradition orale
sont enchässés dans un texte en prose, qui les
explique. Le principe, en pareil cas, est que la
pièce en vers est antérieure à son préambule en
prose, lequel n’en est que le développement, le
commentaire souvent erroné.
Les plus anciens chants nationaux d’Israël re-
montaient à l’origine même de la vie nationale, à ce
moment où les Beni-Israël, émancipés de l’Égypte,
essayaient de sortir du désert, et contournaient, du
côté de l’Arnon, le pays de Moab. Le chant relatif
à la source de Beër, le chant sur la prise d’Hésé-
eur