1740 av. J. G. LES DEUX ROYAUMES. 15
tie de David représentera seule la destinée de la
race d’Abraham. Lerôle théocratique et légendaire
de David grandit chaque jour. La séparation des
tribus du Nord, qui avait d’abord paru un fait po-
litique assez naturel, devenait un schisme, un
crime religieux. Juda est considéré comme possé-
dant une sorte de titre de légitimité, au double point
de vue du culte de Tahvé et de la royauté, deux
choses que les prophètes tiennent désormais pour
inséparables.
Le iahvéisme qui tend maintenant à s'établir res-
semble fort à ce que sera l’islam. Il consiste surtout
dans l’austérité des mœurs, dans la répression du
luxe, dans un code étroit imposé aux femmes; tout
cela conçu non comme une discipline privée qu’on
accepte pour soi et pour les siens, mais comme
une loi d’État, dont le roi et les princes sont les
gardiens. La société est un tout solidaire; Tahvé la
récompense ou la punit en bloc. L'homme vertueux
est responsable du libertin; il risque d’être puni
pour la conduite de son voisin ; il est donc obligé de
se constituer en surveillant de la conduite de son
voisin. De là des habitudes qui sont juste l'inverse
du libéralisme moderne et de la morale de l’homme
du monde comme nous l’entendons. Notre principe
fondamental est la responsabilité individuelle. On
A