M. LECONTE DE LISLE
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esquisses, où l’on essaie de noter plusieurs traits
épars de la changeante physionomie contemporaine.
I
DU MODERNE
Précisément, c’est ce caractère contemporain, —
ou moderne, pour employer un terme d’école, que
beaucoup de personnes refusent à M. Leconte de
Lisle, et cela, depuis la publication de son pre
mier recueil de vers. Il a bien fallu lui reconnaître
la magnificence de la forme poétique, le pouvoir
d’évocation visionnaire, la solidité du verbe, l’am
pleur de la période, la justesse impeccable de
l’image. Mais les adversaires du poète ont voulu ne
voir dans ces qualités que l’effort d’une rhétorique
supérieure, et ils ont nié cette flamme de la vie sans
laquelle l’art d’écrire se réduirait, en effet, à un jeu
de patience intellectuel. La vertu vraie d’une œuvre
ne réside-t-elle pas dans la partie nécessaire et iné
vitable, celle que l’artiste a composée, comme il
respire, comme il marche, comme il aime, sous la
pression d’une force intérieure qui le contraignait à
prolonger son rêve dans de certaines formes de
phrases, de même qu’elle le contraint à faire de cer
tains gestes, à éprouver de certaines émotions à
vivre enfin une certaine vie? Etant donnée la nature
humaine et son imbrisable unité, il est évident que